Deuxième lettre de Mahienour El Masry de sa cellule de prison

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Mahienour a fait parvenir une deuxième lettre (la traduction anglaise de la première peut être lue ici), en voici une traduction rapide. La lettre est parue aujourd’hui dans le quotidien El-Shourouk. On pouvait également y lire le témoignage de son avocat Me Mohamed Ramadan Abou Beibars qui a affirmé que les autorités carcérales avaient refusé de lui laisser entrer un matelas et quelques livres qu’elle avait demandés.

 

« L’anniversaire de la mort de Khaled Saïd est passé sans qu’on le commémore, et en même temps, un des hommes du pouvoir de Moubarak a été institué au pouvoir du pays, un homme qui dit qu’il fera justice aux martyrs, et pourtant, il met des milliers d’innocents en prison. Tant que justice ne sera pas faite pour les martyrs, la révolution continuera.

 

Comme je l’ai dit dans ma première lettre, même si ma peine de prison est confirmée en appel, et même si je suis condamnée à une nouvelle peine de prison dans le cadre du procès qui m’est intenté par les Frères musulmans – les événements du commissariat d’El Raml -, et dont l’audience est prévue le 16 juin, malgré tout cela, nous continuerons.

 

Et d’ailleurs, sachez que nos sacrifices n’en sont pas réellement comparés aux douleurs et souffrances du peuple pauvre.

 

Je vous assure que le dortoir des finances publiques (Mahienour purge sa peine dans la prison des infractions économiques et financières de la grande prison générale de Damanhûr, NdT) dans lequel je purge ma peine n’est pas du tout – comme on pouvait le croire – pour les grands criminels et corrompus mais plutôt pour les gens modestes, emprisonnés pour abus de confiance[1], des gens modestes qui n’ont pas de quoi vivre, et c’est pour ça qu’un régime comme celui-ci ne tiendra pas longtemps.

 

Enfin, je refuse catégoriquement toute forme de grâce, car il serait plus logique que ce soit ce régime qui demande pardon au peuple. Je refuserai de sortir tant que la loi criminalisant les manifestants ne sera pas abrogée.

 

Mahienour El Masry

 

Cellule 8, dortoir 1.

 

Prison de Damanhûr.

 

10 juin 2014

 

[1] En Egypte, il est courant dans les milieux populaires de s’endetter en empruntant des sommes d’argent contre des reçus (wasl amana). Les créanciers peuvent utiliser ces reçus pour emprisonner les personnes endettées pour abus de confiance. C’est souvent le cas pour des familles qui essaient de préparer un fils ou une fille pour le mariage, etc.

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